Gérer les crises chez l’enfant TDAH ou TOP : entre débordements, paroles blessantes et tempêtes émotionnelles
- Audrey Malaterre
- 21 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 sept.
Les crises de colère chez les enfants atteints de TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) ou de TOP (Trouble Oppositionnel avec Provocation) ne sont pas des caprices. Ce sont des tempêtes émotionnelles, souvent liées à une immaturité affective, une fatigue intense ou une accumulation de frustrations. En tant que parent, il est essentiel de comprendre ce qui se joue… pour mieux accompagner.
Comprendre l’immaturité émotionnelle
Un enfant TDAH a en moyenne 2 à 3 ans de retard dans la gestion de ses émotions. Cela signifie qu’un enfant de 8 ans réagit souvent comme un enfant de 5 ans sur le plan émotionnel. Ce décalage change tout : nos attentes doivent s’adapter à sa réalité intérieure.
Quand la colère explose
Le premier réflexe à adopter : ne pas rentrer dans la crise. C’est difficile, mais essentiel. Ton calme devient son repère. Une phrase douce peut désamorcer l’orage :
"Viens me faire un câlin. Tu sais comme je t’aime. Ça me rend triste de te voir en colère comme ça. Je sais que tu ne contrôles pas. Et si on respirait un peu tous les deux ?"
Souvent, c’est juste la fatigue qui parle. Après le câlin, tu peux dire :
"J’ai bien compris que tu étais épuisé. Je te laisse te reposer. Quand tu te sentiras mieux, tu descendras prendre ton goûter."
La chambre : un espace de décharge émotionnelle
Ce n’est pas une punition, mais un refuge. On explique à l’enfant que sa chambre est son espace à lui, où il peut se défouler, se recentrer, se calmer. S’il crie ou insulte, on ne réagit pas tant que la porte est fermée. Il n’a pas d’interlocuteur, donc la colère descend toute seule.
Et quand les paroles blessantes sont dites en face ?
"Je vois que tu n’es plus en état d’avoir une conversation respectueuse avec moi. Je ne parlerai plus avec toi tant que tu me parleras comme ça."
Puis tu te retires. Ton silence devient un message clair : le respect est une condition pour l’échange.
Et quand il tape ou utilise un objet ?
Sécuriser sans crier
"Je ne suis pas en sécurité là. Je vais prendre cet objet et m’éloigner."
Poser un cadre à froid
"Quand tu tapes ou utilises un objet pour me faire mal, je m’éloigne. Je ne resterai pas dans une pièce où je peux être blessée.
"Revenir au lien une fois la tempête passée
"Je suis contente que tu sois calmé. On peut parler maintenant."
Et nous, les adultes ?
Souvent, notre propre colère alimente la sienne. Si on crie pour lui dire de ne pas crier, on renforce ce qu’on veut éviter. L’enfant apprend par imitation. Alors, on peut dire :
"Moi aussi je sens que je vais craquer. Je préfère me retirer un moment pour me retrouver."
Et si on dépasse nos limites, on peut s’excuser :
"Je suis désolée pour tout à l’heure. J’étais dépassée. J’ai crié, et ce n’était pas juste."
Mettre en place un cadre clair
Créer une zone de décharge physique : coussins à frapper, balle antistress, trampoline, corde à sauter…
Proposer une décharge quotidienne de 5 à 10 minutes à heure fixe.
Mettre en place un contrat simple :
"Si tu tapes, je m’éloigne. Si tu te calmes, tu gagnes une étoile."
Système de récompense
Chaque jour ou chaque semaine : une petite récompense s’il respecte les règles.
Exemples : pizza, 10 min de plus sur le téléphone, choisir le programme télé…
S’il ne respecte pas : pas de récompense. Point.
En résumé
Offrir un cadre clair en dehors de la crise
Créer un espace de régulation émotionnelle
Valider les émotions, même désagréables
Rester calme, même quand c’est dur
Ne pas punir dans l’émotion
Revenir au lien une fois la tempête passée
En conclusion
Accompagner un enfant TDAH ou TOP, c’est un chemin exigeant. Mais c’est aussi une opportunité de grandir ensemble, de créer un lien solide, et de lui offrir les outils pour se réguler.
Tu n’es pas seul.e. Ensemble, on avance.



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